Peinture et Performance
Arcylique, toile, céramique, photo, bois, poème
La Déviation,Marseille, France, 2023
Je frotte les collines et les rochers sur ma toile.
La texture de la roche me rappelle toujours les peintures de paysages que je dessinais quand j'étais jeune. Quand je regarde les rochers, je vois vaguement du temps, des failles formées par des
centaines de cailloux empilés; on voit des saisons, l'évolution des strates.
Nos vies sont morcelées de nombreuses identités,
comme autant de blocs d'évènements.
Je m'intéresse à ce que nos yeux voient et ne voient pas.
Apparaissent des lignes, des symboles abstraits... de la poésie.
Des poussières blanches
flottent
volent
disparaissent,
sous la précipitation du temps
restent sur les rochers,
couche par couche
les voilà strates.
La croisière en mouvement
l'île en mouvement
la caravane sans attaches, la vie mobile.
Elle a dit : " Je n'ai apporté que quelques vêtements et fournitures nécessaires".
J'ai vu des familles déplacer leurs vies dans un cortège de caravanes.
J'ai vu des gens construire leurs maisons à mains nues.
Où sont les racines?
Le vent souffle.
A la manière d’Apichatpong Weerasethakul, le cinéaste Thaïlandais, j’interroge le visible et l’invisible.
Comme lui, je viens d’Asie et je porte d’autres récits., qui mettent en lien l’humain, son
environnement et le vivant. Tout est ensemble et s’active dans des interrelations complexes mettant
en lien l’intime, le social et la nature, dans une autre durée, une autre temporalité entre passé et
présent.
Le contexte de résidence à la déviation m’a inspiré. Tout d’abord les falaises, qui environnent ce lieu
industriel. Elles sont là depuis un temps qui nous dépasse, elles racontent une histoire dans laquelle
nous sommes un élément. Ainsi, se rencontrent plusieurs réalités : celle des falaises, de leur
formation, des strates qui les composent, celle de ce lieu d’artiste, ancienne usine, qui porte les
traces de l’activité industrielle avec la poussière, le métal, l’architecture, celle de ma vie, femme,
mère, épouse et artiste.
Où est la force des falaises ? L’énergie en bas, la lumière, ce qui est immobile en apparence, ce qui
bouge de manière invisible et que l’on ressent.
En Occident, ce ne sont que des cailloux, de la matière. Ma culture prend attention à d’autres
dimensions de ces falaises, à ce qu’elles représentent et aussi à leur énergie, au lien que nous avons
avec elles dans notre développement humain. Nous sommes liés.
Dans les peintures, j’ai fait dialoguer des éléments comme l’eau, la poussière, les couleurs, la lumière
avec des éléments inconnus, qui venaient à moi, qui venaient d’ailleurs, que j’accueillais.
J’ai aussi intégré le lieu de la Déviation, son histoire industrielle mais aussi sa réalité d’aujourd’hui,
lieu d’artistes qui porte un projet ouvert et prospectif pour la société. Ce sont des conditions très
spéciales, un collectif, pas de moyens, on pourrait dire un positionnement en marge et pourtant, il y a
une volonté affirmée de se positionner dans la société, mais en retrait, comme au bord de la vie
sociale, un lieu refuge où les gens viennent quand ils en ont besoin.
Il y a donc les caravanes, qui expriment ce positionnement en marge, comme un autre possible, qui
expriment aussi un voyage possible, un nomadisme intellectuel.
Elles apparaissent dans les peintures.
La rencontre entre tous ces éléments amène une question : c’est quoi nos racines ? Je viens de
Taiwan, c’est une ile qui flotte sur la mer. Ce n’est pas la même réalité que sur la grande terre
d’Europe. Qu’y a-t-il sous les falaises ? Mon fils dit des dinosaures, des dragons.
Comme Gauguin qui interroge les représentations à partir d’autres récits, nous pourrions nous
demander :
« D’où venons nous ?, Que sommes nous ? Où allons nous ? »
100 cm * 125 cm
100 cm * 125 cm
100 cm * 125 cm
100 cm * 125 cm
100 cm * 125 cm
100 cm * 70 cm
L'exposition
Performance improvisée collective
Peintre : TANG Su-Mei
Danseur : THOMAS Aldo, GRAZ Lasdada
Ecriture Automatique : HEYDE Julie
Harpiste Hors Piste : DE LACROIX Cédric
Processus de live painting